F.A.Q.

Faut-il avoir un bon niveau de culture philosophique pour suivre le cours ou l'atelier de yoga &philo ?

Il n’y a aucun prérequis physique ou intellectuel.

Le cours et l’atelier de gymnosophie commencent la présentation d’une question philosophique. Dans les cours, je choisis la thématique du jour selon les yogis présents et ce qui peut leur parler plus personnellement ; dans les ateliers, la thématique est annoncée à l’avance, afin de ne pas suivre plusieurs fois le même enseignement.

Les yogis commencent donc par se concentrer et écouter. Nul besoin de prendre des notes ni d’avoir de connaissance du yoga ou des philosophies orientales ou occidentales. Il n’est pas grave de ne pas tout mémoriser ni de tout comprendre. Seules une intention et une posture d’écoute sont requises. C’est donc le premier asana (posture) de l’atelier ou du cours pendant lequel les yogis pourront formuler silencieusement leur propre sankalpa (leur intention, leur objectif positif pour le cours, l’atelier, la journée ou la semaine, toute la vie).

La théorie est suivie de la pratique des postures de Vinyasa yoga, dont une relaxation et une méditation guidées, essentielles à cette « sagesse de la gymnastique » qu’est la gymnosophie (pratique avec relaxation et méditation, 1h15 dans un cours, 1h40 dans un atelier).

Pour entrer dans la pratique, il s’agit de retourner en soi-même et de lâcher-prise aussi sur ce qui a été dit juste avant et de ne surtout pas s’inquiéter de ce que l’on ne comprend pas.

La pratique n’a pas à être « intellectualisée », mais seulement vécue. La mémoire corporelle livrera ensuite ses fruits. Autrement dit, à partir du corps, l’on peut dénouer grand nombre de conflits psychiques, qui sont aussi des nœuds philosophiques.

Dans un atelier de 2h30, les 30 dernières minutes laissent place au dialogue le « satsang », pour clore l’atelier avec le sourire et dans le partage. Les yogis ont la possibilité de poser des questions tant sur la théorie que la pratique, ou encore livrer leurs impressions personnelles. Il n’y a aucune questions bêtes, seulement des réponses inadaptées.

Pour en savoir plus, « Les quatre principes de la gymnosophie » : Lire cet article sur fémininbio.com 

Combien de fois faut-il faire de yoga par semaine pour en sentir les bienfaits ?

Comme pour la plupart des pratiques sportives, pratiquer trois fois par semaine serait idéal. Mais cela est très difficile avec le rythme de la vie active, les horaires, les transports, les obligations et la fatigue. Cependant, le yoga est une pratique qui redonne de l’énergie et fournit des étirements et postures tout à fait complémentaires avec d’autres pratiques sportives, parfois brutales pour les articulations, comme la course à pieds, la boxe, le tennis, le football, par exemple. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire d’être déjà athlète pour venir au yoga.

S’il vous est impossible de suivre trois cours de yoga par semaine, ne culpabilisez pas, ce serait le contraire de l’effet désiré. Si vous avez pratiqué trois fois, soyez fiers de vous ; si vous avez pratiqué deux fois, observez ce que vous avez ressenti, et si vous n’avez pratiqué qu’une seule fois, soyez heureux d’avoir pu vous accorder ce moment pour vous-mêmes. Et si vous n’avez pu eu de temps pour votre yoga, ne vous en voulez pas ! Vous avez toute la vie pour aller au yoga. Il n’est jamais trop tard ! En un mot comme en cent, ne vous jugez pas. Observez seulement ce qu’il se passe.

Peut-on suivre vos cours en étant débutant ?

Absolument, les débutants ont la chance inouïe de découvrir cette prodigieuse pratique qu’est le yoga et sont toujours les bienvenus. L’initiation au yoga peut être très intense et libératrice.

Qu'est-ce que le Vinyasa yoga ?

Je ne pourrais pas répondre à cette question mieux que Gérard Arnaud, mon professeur de yoga, qui a apporté le Vinyasa yoga en Occident suite à son expérience indienne auprès de son maître, Sadh Siva Lingam, un yoga « à la dure », comme il dit. Voici comment il a défini le Vinyasa yoga en me répondant lors de ma formation professionnelle de Vinyasa yoga : « La pratique des yoga permet de se renouer avec son centre et de s’y ancrer, le Vinyasa ne s’enferme pas dans la technique mais cherche la victoire sur l’égo pour être plus dans une fluidité énergétique ».

« Le yoga n’est pas un savoir, mais un état », écrit-il encore dans son livre, Vinyasa yoga (Marabout, 2017).

Pourquoi avoir allié le Vinyasa yoga, qui est donc un état, une victoire sur l'égo et non pas un savoir, à la philosophie, tournée vers la connaissance et le savoir ? N'y aurait-il pas là un insoluble paradoxe ?

Pour éluder cette question, on pourrait invoquer l’ironie socratique à la rescousse : « je sais que je ne sais rien ». Voilà comment allier savoir et non-savoir.

L’étude de la philosophie, que j’ai menée jusqu’au Doctorat et que j’ai enseignée pendant dix ans, ainsi que l’écriture, philosophique ou littéraire, sont à mes yeux aussi du yoga. Ecrire une thèse, un livre, une nouvelle, un article, c’est une sacrée victoire sur l’ego : c’est la découverte de l’humilité de l’impouvoir, de l’impossibilité de penser (dont je parle dans mon livre), la souffrance de la page blanche, l’égo foulé aux pieds qui découvre qu’il croyait savoir mais qu’il ne sait rien du tout ou pas grand chose.

Il se passe la même chose au yoga : on ignore tout ou presque de nos possibilités corporelles (Spinoza), y compris les plus « grossières » et superficielles, ce « corps servile » de Saint Paul, ce corps tombeau de l’âme de Platon), qui ouvrent alors avec le yoga un voyage vers un monde intérieur, un corps subtil, un corps spirituel. Il y a un parallélisme du corps et de l’esprit. Ce qui arrive dans le corps arrive aussi dans l’esprit, et réciproquement.

Rendre la philosophie au yoga – devenu ces temps-ci, avec le règne sans partage des images démultipliées et des réseaux sociaux, la gloire du moi narcissique et le culte du corps (le contraire du yoga, donc), m’a semblé être la moindre des choses, et c’est grâce aux penseurs présocratiques, notamment Parménide et Héraclite, que j’ai réinterprété aujourd’hui le concept de gymnosophie, la sagesse de la gymnastique de notre propre époque.

Aujourd’hui, nous semblons avoir oublié que la philosophie de la connaissance, le support théorique du yoga, fait partie du yoga. Alors, si l’on ne se tourne pas un tant soit peu vers la connaissance, on ne fait pas vraiment du yoga. Le yoga ne se limite pas aux postures, si exigeantes soient-elles. Le travail intellectuel et l’introspection parfois douloureuse qu’elle provoque peuvent faire peur, brouiller le mental (encore le contraire du yoga!) et il est bon de ne pas l’aborder seul, d’où le sens des cours de gymnosophie, afin de puiser quelques inspirations pour se diriger librement vers son propre chemin spirituel, et aussi de pouvoir le partager avec l’autre, ne pas être seul en sa pensée. La parole partagée dans l’amitié, c’est le sens de la naissance de la philosophie. C’est la raison pour laquelle j’ai moi-même été étudiante en philosophie puis enseignante : cela pour ne plus être seule dans ma pensée. Et c’est là le rôle du professeur : il est messager-diffuseur, comme un compte-goutte, pour prendre une image de l’indianiste Lilian Silburn, un compte-goutte qui sème quelque chose, mais en laissant à celui qui prend l’enseignement son entière liberté.

Comment définir la gymnosophie ?

Trois définitions complémentaires me semblent dire ce qu’est la gymnosophie :

« Le yoga est l’arrêt automatique des fluctuations du mental » Patanjali, Yoga Sutra. C’est là un thème d’atelier à part entière, qui nous mène de l’Inde à Descartes écrivant à la lueur de la bougie près du poêle ses Méditations métaphysiques.

« La gymnosophie, c’est retrouver qui l’on est mais que l’on a oublié », c’est la définition de la réminiscence platonicienne : se souvenir de ce que l’on a oublié. C’est la maïeutique du gymnosophe Socrate, s’il en est. La réminiscence est le but de la maïeutique, autrement dit l’art de faire naître l’esprit à lui-même, la naissance spirituelle.

Ces deux définitions conduisent à la troisième définition, universelle, l’invariant de l’Orient et de l’Occident, et leurs complications : « la gymnosophie, c’est restaurer l’équilibre du corps et de l’esprit. C’est donc l’expérience, le vécu, de l’union du corps et de l’esprit. C’est une expérience d’unité : et l’étymologie du mot « yoga », c’est le verbe sanskrit « yuj » qui veut dire joindre, atteler, relier, mettre sous le joug . » Et là, difficile de ne pas rêver à l’image si poétique de l’âme que Platon donne dans son Phèdre : un attelage ailé. C’est donc nos propres ailes que nous déployons au yoga, cherchant en notre cœur notre part sacrée.