LA GYMNOSOPHE > Vrikshasana (l’arbre)
94337110_591163478164476_8906530353808670720_n
Jean-Baptiste en arbre
sofia en arbre

Vrikshasana (l’arbre)

Asanas

Vrikshasana

 

« C’est tout autrement que ne le sent un profane que le yogin sent son corps pendant la durée d’un exercice. La stabilité corporelle, le ralentissement du rythme de la respiration, le rétrécissement du champ de la conscience jusqu’à le faire coïncider avec un point, ainsi que la résonance, qu’a, de ce fait, en lui, la moindre pulsation de la vie du dedans, tout cela assimile apparemment le yogin à une plante. Cette homologation d’ailleurs n’impliquerait aucune détermination péjorative, alors même qu’elle correspondrait à la réalité. La modalité végétale n’est pas, pour la conscience indienne, un appauvrissement, mais tout au contraire : un enrichissement de la vie. Dans la mythologie pouranique ainsi que dans l’iconographie, le rhizome et le lotus deviennent des symboles des manifestations cosmiques. La création y est symbolisée par un lotus flottant au-dessus des eaux primordiales. La végétation signifie toujours le trop-plein, la fertilité, l’éclosion de tous les germes. Quant à la peinture indienne (celle par exemple d’Ajanta), la béatitude des personnages y est rendue manifeste par leurs gestes mous, ondoyants, pareils à des lianes aquatiques; on a même l’impression que dans les veines de ces figures mythiques c’est de la sève végétale et non point du sang qui coule. »

Mircea Eliade, Techniques du yoga, p. 98-99.

Les asanas correspondent aux incarnations que nous devons vivre avant de pouvoir nous libérer du cycle karmique. Au yoga,  nous vivons plusieurs vies dans la même existence. J’aurais beaucoup aimé être un arbre, un des plus vieux oliviers du monde, ayant rencontré Socrate, Platon, et Dionysos et donnant une ombre généreuse sur une île grecque. Pour Leibniz, la différence entre le végétal et nous, les êtres de raison, ne tient qu’à la quantité de perceptions conscientes auxquelles nous accédons. Il se pourrait bien que loin d’être un appauvrissement de la vie, la réduction des perceptions en un seul point, embryonnaire, ait valeur de renaissance.

La Gymnosophe