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Bakasana (la grue)

Asanas

Bakasana

Bakasana est la posture idéale pour lutter contre la peur et l’orgueil.

Une fois les genoux calés dans les aisselles, on craint de se fier à sa connaissance de son centre de gravité, pour basculer légèrement vers l’avant afin de décoller les pieds. Ou bien, au contraire, on s’élance trop vite par orgueil et là, il est possible de se faire très mal.

Pourtant, la tête est si près du sol qu’il suffit de la baisser (comme si on voulait faire une roulade avant) pour poser le sommet du crâne au sol et appréhender les deux centimètre qui nous en séparent : néanmoins, il faut là encore pratiquer en conscience pour éviter de vilaines blessures aux mâchoires ou sur le front. Il s’agit donc de travailler la confiance en soi, la connaissance de soi-même, l’observation, l’attention et l’humilité. Baka, c’est aussi l’oiseau-démon de l’orgueil.

La peur est sans nulle doute l’émotion la plus difficile à canaliser.  Dès qu’on l’analyse, on s’y enferme, l’analysant fait partie de ce qui est analysé (d’où l’échec de la psychanalyse dans certains cas). Et pourtant, il est possible d’observer la peur, de la localiser sans s’y attacher, pour pouvoir retrouver la détente et ensuite lever les deux pieds du sol quand ce sera le bon moment. Ce qui est vrai pour une posture sans enjeu autre que l’amusement comme Bakasana sera vrai dans les autres situations où la peur ou le track accaparent le mental et le corps.

Tout cela, Jean Klein le dit bien mieux que moi:

« Si vous sentez un état de peur, d’anxiété, de fureur, restez attentif à ce spectacle, afin de ne pas entrer dans la chaîne des réactions. Cette concentration d’énergie s’ouvrira, s’épanouira. Je ne parle pas de la peur conceptualisée, mais en tant que perception, sensation, cette énergie s’intègre à votre présence. Remarquez seulement cet état ; laissez le vivre. Je pense que votre peur est maintenue par le mot, elle ne devrait plus être un concept, elle devrait devenir vraiment une perception, une sensation, auquel cas vous arrivez à circonscrire exactement son point de départ.

Tout peur est le fruit de l’imagination. Néanmoins elle se situe quelque part, elle est perçue : dans la glotte, le sternum, la région abdominale, la hauteur des épaules, la nuque. Elle se localise dans différentes parties du corps. Acceptez totalement cette perception. Laissez-la vivre, afin qu’elle perde sa densité, sa lourdeur, sa fermeté. Constatez uniquement l’endroit où elle se manifeste. Pratiquement, il est préférable de ne pas diriger votre attention vers cette résistance, ce qui l’augmenterait. Dirigez-la ailleurs, aux alentours. Vous sentirez vacantes ces parties non participantes. Cette vacuité gagnera lentement ce traumatisme et votre sensation deviendra homogène. La partie détendue aura conquis peu à peu du terrain, jusqu’à envahir la crispation, qui disparaîtra.

[…]

Le corps et le mental sont très liés, autrement il n’y aurait pas de souffrance. Le noyau est psychique. C’est une peur viscérale qui s’est ancrée en nous, et nous la portons peut-être depuis de nombreuses années. »

Jean Klein, Être, « Approche de la non-dualité », Almora, 2014, p. 238-239.

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