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Parighasana

Parighasana (Franchir une porte)

Parighasana 

Voilà une posture fort exigeante, à la fois extension, torsion, flexion latérale, nouvelle torsion sur la flexion ! Notre corps est donc capable de se tordre, se fléchir en s’étirant, se retordre, tel le serpent qui cherche l’issue dans laquelle se glisser pour se dérober.

Parighasana signifie en sanskrit le franchissement d’une porte. Janvier, mois saluant le dieu romain Janus, dieu bifron (à double tête), est à la fois le commencement et la fin, la porte d’entrée de la nouvelle année, il est la fin d’une année au même instant que le commencement d’une autre, il regarde le passé et l’avenir et les synthétise. C’est ainsi que l’on pourrait définir la présence, la pleine conscience de l’instant qui devient éternité (coucou Spinoza) et que l’on peut expérimenter dans cette posture très physique et parallèlement, hautement spirituelle. Ce qui arrive dans le corps arrive aussi dans l’esprit, et réciproquement.

Présentons-nous à Janus en mobilisant nos plus hautes possibilités. Parighasana demande un travail long et patient, sur l’abdomen, le relâchement des dorsaux et le déliement des vertèbres, sur la respiration ralentie, et offre, une fois installé dans la posture, une grande détente, un apaisement de tout le système nerveux, régule la sécrétion d’adrénaline dans les glandes surrénales et stimule le pancréas. Sur le plan psychique, la posture active svadhistana chakra, le deuxième chakra situé au bas du ventre, symbolisant l’eau, la noyade, la peur, les fonds baptismaux, ici loge le Léviathan, nos monstres intimes, qui demandent à être dépassé pour atteindre notre soleil symbolique, manipura chakras(entre le nombril et le plexus solaire) : la posture active aussi Ajna chakra (le troisième œil situé entre les deux sourcils), notre intuition qui nous guide (pour choisir par quelle porte entrer en 2020) : ce travail du corps subtil procure une sensation de métamorphose, d’élasticité, de fluidité, de non-peur et de clairvoyance, de devenir Mister Fantastic, le leader des quatre fantastiques, qui peut se faufiler où il veut. Et Janus, proche de la figure grecque d’Apollon, entretient un rapport avec notre contemporain Mister Fantastic ; il est l’un des quatre fantastiques de l’antiquité, en tant que dieu de premier rang avec Jupiter-Zeus, Mars-Arès, triade à laquelle j’ajoute par loyauté Bacchus-Dionysos.

Et pour mes trente-cinq ans le 20 janvier 2020, sur le Janicule à Rome, je lui adressai sa prière et mes vœux :

« Dieu à double visage, c’est de toi que part l’année pour s’écouler sans bruit ; toi qui, sans tourner la tête, vois ce que nul autre dieu ne peut voir, montre-toi propice aux chefs dont l’active sollicitude donne le repos à l’Océan et la sécurité à la terre, qui nous prodigue ses trésors ; montre-toi propice à tes sénateurs, au peuple romain, et, d’un signe, serre les portes de ton candide sanctuaire ».

Ce qui veut dire, je crois, « Shanti ».

 

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