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Matsyâsana

Asanas

Matsyâsana (le poisson)

Le poisson (matsya) fut la première incarnation du dieu Vishnu pendant le premier âge.

La mythologie indienne développe abondamment l’épisode du déluge, avec différentes interprétations et variantes.

Un petit poisson se glissa entre les mains de Manu, qui sera le fondateur de notre humanité, et lui promit de le sauver du déluge qui engloutirait toutes les créatures terrestres s’il lui assurait protection. Le petit poisson protégé par Manu devint si grand que seul l’océan put le contenir, et c’est ainsi que Manu comprit que le poisson était un avatar du dieu, qui, quand le déluge se fit imminent, ordonna la construction d’un navire destiné à sauver plantes, animaux et sages. L’immense poisson sauva le navire des eaux, et le conduit en lieu sûr.

En tant que premier avatar de Vishnu, l’enjeu de symbolique du poisson n’est pas des moindres.

« L’assise que prennent les sages yogis en simulant le mouvement du Poisson (matsyavalana) est le Souffle (montant) Central (appelé) « Feu Purificateur », (pavamana), Rayonnement (suci) et Courroux (canda). […] La concentration attentive (avadhana) est considérée comme le moyen d’acquérir le temps et la pénétration attentive (anupravesa) comme la passion, de sorte que l’on peut aussi atteindre l’état exempt de naissance et de mort ». (Les Aphorismes de Siva, Les Siva sutras avec le commentaire de Bhaskara, le Varrtika, trad. Caroline Desaubliaux, Almora, 2013, p. 164-165.)

Généralement, cette posture suit celles de la chandelle (Sarvangasana) et de la charrue (Halasana), afin de rouvrir la gorge qui a été compressée, et de délier les cervicales, dilatées à travers l’étirement de la gorge. Afin de ne pas se faire mal, la tête doit sembler légère, ne pas s’appuyer dans le sol, aucune sensation de compression au niveau des cervicales. Comme dans toutes les postures, forcer n’est pas une bonne chose. Quand la posture est juste, on découvre la délicieuse sensation de flotter et d’évoluer comme un poisson dans l’eau. La respiration se fait profonde. Il est possible d’expirer par la bouche en tirant la langue (respiration du lion).

S’il est impossible de placer les jambes en lotus, elles peuvent être placées en baddha konâsana, plantes de pieds l’une contre l’autre, mais l’on perdra un peu l’ancrage du bassin dans le sens, qui permet d’étirer tout le corps depuis la racine jusqu’à la gorge, sans que la tête ne pèse sur le sol. Dans le cas où il y aurait trop de poids sur les cervicales, on peut préférer Uttana padasana, les jambes allongées dans le sol, pieds fléchis, afin de rééquilibrer les forces.

Excellente pour l’abdomen, les intestins, les poumons, la posture favorise la respiration profonde et la détente, et la circulation sanguine dans le bas du dos. Régule la thyroïde, comme nombre de postures sollicitant la gorge, soit comprimée, soit ouverte.

Cette posture est idéale pour ouvrir la zone du plexus solaire (manipura) et du cœur (anahata), trouver une détente profonde et une sensation de sécurité et de liberté.

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