Vishvamitrasana

Vishvamitra était un roi puissant, irascible ; chez Platon, il serait l’incarnation de l’âme appétitive, les bas instincts du tyran.

En route pour une énième guerre, il croisa sur sa route le sage Vasishta, qui l’accueillit sans sa cahute et le sustenta royalement. Vishvamitra se demanda comment l’ermite avait pu préparer un repas si abondant, dans une simple hutte d’ascète. Vasistha possédait une vache magique qui produisait énormément de nourriture. Vishvamitra voulut que Vasishta lui fasse don de cette vache, ce dernier refusa, l’impétueux Vishvamitra l’attaqua.

Mais la force intérieure de Vasishta était si grande que Vishvamitra ne put pas rivaliser. La seule façon de vaincre Vasistha, c’était de devenir lui aussi un sage. Alors Visvamitra abandonna son royaume, étudia et s’entraîna avec son impétuosité habituelle. Mais il perdait sans cesse les siddhis (les pouvoirs magiques des yogis) qu’il atteignait grâce au yoga. Les dieux les lui refusaient, car il en faisait mauvais usage, ce qui le rendait encore plus irascible.

A force d’erreurs, il apprit à se contrôler pour conserver ses pouvoirs. Indra fut alors impressionné par la force de Vishvamitra, et eut peur pour son trône. Sa ruse consista à  lui envoyer une femme sublime pour le détourner du yoga (une Pandore!). Vishvamitra comprit vite que cette passion nuisait au yoga et à la méditation, alors il y renonça aussi. Il devint sage, clément et empathique.

Cette histoire aux accents spinozistes est très réjouissante et encourageante, car cela veut dire que ce que l’on atteint par la raison, on peut très bien aussi l’atteindre par la passion, à l’instar de Vishvamitra, qui de passion en passion, finit par devenir un sage.

Dans cette posture, le visage trouve l’impassibilité, la disparition de toute pensée ou sentiment (âkâramauna), signe de l’arrêt des fluctuation automatique du mental. Les émotions traversant notre visage sont incontrôlables et pourtant, se faisant statue orientale, le visage parvient à contrôler ses muscles.