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Dandasana (le bâton)

Asanas

Dandasana

Parmi toutes les créatures que Shiva engendre dans son union avec Shakti, l’énergie, dans la danse des asanas, on trouve aussi le bâton (danda). Le bâton est ce qui nous soutient, comme une canne, nous rassure : dandasana est une posture d’entraide, de confiance, et de solidarité. Elle développe la force physique et mentale, ainsi que le sentiment de sécurité. Le sentiment d’insécurité est très mauvais pour notre système nerveux.

Bien que posture assise, elle engage tout le corps, depuis le sommet du crâne, la gorge légèrement comprimée verrouillant jalandhara bandha (la septième cervicale est fermée par le relâchement de la nuque comme dans le chien tête-en-bas, adho mukha svanasana), mula bandha (le périnée) et uddiyana bandha (près de mula bandha, environ trois doigts sous le nombril), les mains repoussent le sol, bras tendu, la colonne cherche l’alignement le plus juste, les jambes sont contractées, les pieds fléchis, même les petits orteils participent de la posture. La respiration est profonde (respiration ujayi), la poitrine se soulève, les épaules descendent, le souffle se fait ondulation longue et profonde, comme le mouvement d’une mer calme sur le sable. Sentez le moment de suspension (et non pas de rétention) entre l’inspiration et l’expiration.

L’engagement physique intense et tourné vers l’intérieur procure une grande stabilité. Certains jours, où nous sommes dispersés, que nous peinons à nous concentrer, que nous nous sentons « insecure » ou « borderline », cette posture est d’une grande aide. Quand nous relâchons un bandha, il suffit de sourire et de l’engager à nouveau, sans se juger ou s’en vouloir.

Le bâton apparaît dans l’un des épisodes de la vie de Krishna, avant ses prouesses guerrières dans la Bhagavad Gita. Krishna est le fils adoptif de Nanda, un bienveillant et heureux vacher. Krishna aime cette vie paisible, joue de la flûte et séduit les filles du village : il compte bien dans cette incarnation connaître les plaisirs de la luxure.

(Krishna est la vingtième incarnation de Vishnou, non plus fidèle et voué à son épouse comme l’était Rama – dix-huitième incarnation de Vishnou, les vertus morales -, mais il est une figure de l’amour et de la séduction: sa passion, l’érotisme. Ses amours sont racontées dans le Bhâgavata Purâna, notamment sa liaison érotique et mystique avec Râdhâ, la fille naturelle de Nanda, représentant symboliquement l’union du dieu absolu et suprême, avec la nature, l’immanence. Ils enfantent, la lumière noire de Krishna fécondant celle, blanche, de Râdhâ, tout l’Univers).

Tous les éléments du  quotidien paisible du jeune vacher ont une signification divine : les vaches et vachères sont la manifestation des Vers sacrés. La flûte de Krishna est une manifestation du terrible dieu Rudra, les ascètes sont les arbres, les pâturages le jardin d’Eden, etc. (Voir Krishna Upanishad, 1, 3-26).

Proche de l’animal sacré qu’est la vache, plutôt que de remercier Indra, dieu de la pluie et donc de la fertilité de la terre, Krishna décida d’honorer la montagne Govardhan où les vaches paissent tranquillement. Indra se mit si en colère que ses pluies engloutirent tout, mais Krishna, avec l’aide des habitants du villages munis de bâtons et de cannes, purent surélever la montagne. Cet élan de solidarité persuada Indra d’arrêter les pluies et la terre fut plus fertile et verdoyante que jamais.

En dandasana, il peut être bon que quelqu’un vous aide à trouver la juste posture. Après tout, même le grand Krishna ne refuse pas l’aide de ses amis villageois, munis de cannes et de bâtons.

 

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