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Upavishta Konâsana

Asanas

Upavishta Konâsana

Cette posture fut mon tout premier asana, sans que je ne le sache à l’époque, quand comme nombre de petites filles j’ai commencé la danse.

Aucune fillette de mon groupe n’arrivait à faire « l’écrasement facial » comme on l’appelait, y compris les bêcheuses qui prenaient toute l’attention des professeurs, parents et camarades, tous éblouis ; je pouvais faire cette posture, j’étais donc un sujet d’éblouissement potentiel, mais jamais je n’osais oser aller jusqu’au bout de mes possibilités, de peur qu’on voit que je faisais « mieux » que les autres, que ça attire l’attention sur moi et que je sois disputée pour cela, c’était ma peur. Je serais alors devenue visible, existante, incarnée, vivante, ce qui est une source karmique de culpabilité.

Et précisément, c’est ce que physiologiquement et métaphysiquement la posture engage : sur notre base, qui est le bassin, nous reposons entièrement, en détendant les muscles du dos et en ne luttant plus contre la gravité, bien au contraire, elle est ici notre alliée, afin de reposer entièrement sur le sol, où trouver concentration, confiance et détente. Cette posture serait bénéfique pour les organes reproductifs, et nous retrouvons alors l’ancrage du bassin, la porte d’entrée de notre naissance, de notre vie, notre « génital inné », dirait Artaud. On prend alors conscience d’être là, incarné.

Un jour,  j’ai osé faire vraiment la posture, les professeurs de danse m’ont félicitée et ont incité les autres à me regarder et à tenter de faire pareil. J’en ai un souvenir merveilleux, comme si on m’avait vue et reconnue à ma juste valeur pour la première fois, comme si je n’avais enfin plus à attendre qu’on me donne un billet pour monter dans le manège de l’existence.

La Gymnosophe